Je propose une discussion ouverte à tous sur l'utilisation des statines en prévention primaire ou secondaire. Il faut pour y participer, je pense, s'inscrire sur le blog. Je reprends ci-dessous la conclusion de l'article paru en avril dans la revue Prescrire et je pourrais alimenter le débat selon vos remarques ou questions.

" Il est plausible que la prise d'une statine par les personnes à risque élevé d'accident cardiovasculaire réduise légèrement ce risque. Mais cette diminution est de faible ampleur, fondée surtout sur des données d'évaluation au bout de 5 ans de prise, sans preuve que cette efficacité minime se prolonge.

Du fait de la faible efficacité, les quelques effets indésirables graves (rhabdomyolyse, accidents vasculaires cérébraux hémorragiques, effets indésirables graves d'un traitement d'un diabète), et les fréquents effets indésirables musculaires qui altèrent la qualité de vie rendent la balance bénéfices-risques proche de l'équilibre. L'incertitude est encore plus grande quand le traitement se prolonge au-delà de 5 ans. Il n'est pas raisonnable que la solidarité publique finance à grande échelle une mesure dont l'intérêt est aussi incertain, quand il y a tant à faire par ailleurs vis-à-vis du tabagisme, pour favoriser l'activité physique chez les personnes à risque, pour inciter à une alimentation moins délétère.

La décision de prendre ou non un traitement de prévention cardiovasculaire primaire est en quelque sorte un pari fait par les personnes concernées. Pour leur permettre un choix éclairé, les soignants ont intérêt à partager les quelques données disponibles et les nombreuses incertitudes persistantes".

Revue Prescrire, Tome 38, N° 414, pages 272-281, avril 2018