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Résumé de la soirée de novembre 2015 sur les statines

Publié le par fmcgrassoise

Jeudi 17 novembre, 50 médecins s'étaient réunis pour écouter le Dr Michel de Lorgeril, cardiologue et nutritionniste, chercheur au CNRS (UFR Grenoble), invité dans le cadre de la formation médicale continue organisée pas l'association des médecins Grassois. Pour l'essentiel des médecins généralistes, mais 6 cardiologues, angiologues ou chirurgiens vasculaires avaient manifesté leur intérêt et répondu présent.
Le Dr de Lorgeril se bat depuis une quinzaine d'années pour démontrer que le cholestérol est un ami, et non pas l'ennemi des artères comme on nous l'assène depuis longtemps.
Pour cela, il démontre que les études anciennes (avant 2000) qui ont fondé le mythe du cholestérol responsable ont été biaisées, voire truquées, car l'industrie pharmaceutique avait la mainmise de A à Z, y compris sur les analyses statistiques, que l'on peut faire parler dans le sens que l'on souhaite. Évidemment, dans un but lucratif.
Entre 2000 et 2004, tout bascule. Depuis l'affaire du VIOXX, où le laboratoire responsable a été sommé par la justice américaine de révéler le contenu du dossier d'AMM, et où les trucages ont été mis au jour, la réglementation des essais cliniques a été largement renforcée. Et depuis, plus aucune étude n'a montré d'impact positif des traitement hypocholestérolémiants, que ce soit en prévention primaire, secondaire, ou même sur des patients "à haut risque", tels que des diabétiques au stade d'insuffisance rénale sévère.
Mais c'est difficile de faire évoluer les mentalités; à la fois celle du public, et celle des médecins, à qui on a enseigné dès la Faculté tout le mal qu'on peut attendre du cholestérol. Alors on continue à prescrire, en se disant "au cas où, ça ne peut pas faire de mal"...
Eh bien justement, si.. Car l'on sait maintenant que le cholestérol exerce un effet protecteur vis à vis du cancer. Il participe à la constitution des membranes cellulaires de notre organisme, il est indispensable à la synthèse de certaines hormones dont certaines sont vitales, et il est le carburant des mitochondries, ces petites usines intracellulaires garantes du bon fonctionnement physiologique. En abaissant le taux de cholestérol, on perturbe le renouvellement cellulaire, on inhibe notre immunité qui détecte les cellules cancéreuses, on empêche nos organes de se parler entre eux (c'est le rôle des hormones). On prend donc le risque de faire émerger sur le long terme des effets indésirables graves : cancers, démences, obésité voire diabète, insuffisance rénale, et d'autres moins graves : cataracte, impuissance, troubles musculo-tendineux..
Enfin, les dernières connaissances anatomiques dans la genèse de plaque d'athérome nous révèlent que le primum movens est la constitution d'une plaque fibromateuse, c'est à dire une petite tumeur bénigne (comme un petit fibrome utérin) qui va naitre sur la paroi interne de l'artère, puis grossir, et 2 évolutions sont possibles. Cette tumeur peut se fissurer et son contenu entrer au contact du sang, provoquer la formation rapide d'un caillot (thrombus) qui va boucher l'artère, c'est l'accident aigu. Ou bien, la tumeur croît lentement, mais son centre va se nécroser, car mal vascularisé, et les débris vont être absorbés et éliminés par les macrophages, sauf le cholestérol car ceux-ci ne sont pas équipés pour le digérer. Voilà pourquoi on retrouve des dépôts de cholestérol dans les plaques d'athérome, mais ce n'est qu'une conséquence, et non la cause.
Donc, pour le Dr de Lorgeril, tout ceci est parfaitement cohérent. Il ne faut surtout pas chercher à faire baisser notre taux de cholestérol. La prévention des accidents cardiovasculaires passe par l'hygiène de vie : arrêt du tabagisme, activité physique, alimentation de type "méditerranéenne".
La réunion a duré 2h30. Les médecins ont été séduits par ce discours vivant, bien documenté, ont posé de nombreuses questions, et se demandent maintenant comment adapter ce raisonnement dans leur pratique quotidienne.

Manuel Baudet

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